Plantation de Platanes 1915
Plantation de Platanes 1915
COMMUNIQUÉ du 10 mai 2024
LES 13 PLATANES DE LA PLACE ALBERT 1er DE BELGIQUE FONT PART DE LEUR ÉMOTION
Nous, Platanes réunis avec nos animaux familiers, comme tous les jours et, pour la majorité d’entre nous, depuis très longtemps, autour de la Place Albert 1er de Belgique, nous sommes penchés, un jour de pluie (rare par les temps qui courent) et avec nostalgie sur notre passé riche en évènements parfois émouvants.
C’est ainsi qu’en feuilletant le registre des comptes rendus anciens du Conseil municipal de notre bonne ville, nous sommes tombés sur cette délibération en date du 28 juin 1915 dont les termes mériteraient de figurer à un Panthéon des hommages rendus à nous autres les Platanes.
Nous sommes donc en 1915 au début de la Première Guerre mondiale.
On apprend qu’à cette époque la municipalité avait eu l’idée, excellente au demeurant, de planter des platanes sur la place qui s’appelait alors de la Liberté. Certains d’entre nous serions donc plus que centenaires !
En effet Les services municipaux ont fait exécuter sur la place de la Liberté ancienne place de la Gendarmerie, une plantation de platanes qui contribuent à la fois à son esthétique et à son assainissement .
Ces arbres d’une belle tenue ne tarderaient pas à donner l’ombre et la fraîcheur, si utiles à l’époque des chaleurs...
Quel hommage... et quelle actualité !
Las ! L’emploi du conditionnel laisse pressentir une ombre, pas la nôtre, au tableau.
Poursuivons...
...s’ils n’étaient pas exposés aux chocs des voitures qui circulent sans précautions ou stationnent sur cette place.
Plusieurs sont déjà morts et divers autres ont été rongés par les chevaux attelés que certains industriels du quartier abandonnent des heures entières.
Pauvres de nous ! Nous voici menacés et en grand danger de mort ! Que faire alors pour nous préserver devant ce péril éminent et surtout imminent ?
L’assemblée municipale trouve aussitôt le remède et va décider de l’administrer immédiatement.
Pour parer à cet inconvénient, il conviendrait de limiter la partie centrale de la place par une bordure de trottoir en granit dont la saillie de 17 centimètres préserverait les plantations contre les chocs des roues des véhicules et empêcheraient les chevaux d’approcher des platanes. Le tout pour un budget de 1 400 F.
Et voilà pourquoi il existait autrefois, un temps que les moins de 11 ans ne peuvent pas connaître, un terre plein au milieu de la place ceinturé par une bordure de pavés !
Ainsi, nous avons été préservés, pendant près de 100 ans et grâce aux trottoirs mis en place, des dangers notamment de la civilisation moderne représentés par ces engins irrespectueux à quatre roues qui menaçaient notre existence.
Grâce à ce document, nous avons appris notre date de naissance, les dangers qui menaçaient notre toute jeune existence, les moyens judicieux mis en place pour nous en protéger et constaté l’utilité ô combien capitale de notre présence sur la place.
Il a fallu attendre ces dernières années pour que les dangers observés en 1915 soient à jamais écartés par la suppression complète de la circulation de ces véhicules tournant autour de nous à longueur de journée.
Nous pouvons désormais savourer une quiétude que les oiseaux, les riverains de la place et les habitants du quartier de la Gare apprécient, quiétude que nous accompagnons du bruissement et de la fraîcheur de nos branches majestueuses.
Délibération du Conseil municipal de Perpignan du 28 juin 1915
Place Albert 1er de Belgique. Fa temps !
LES 13 PLATANES DE LA PLACE ALBERT 1er DE BELGIQUE FONT PART DE LEUR TRISTESSE ET DE LEUR INQUIÉTUDE
Nous, Platanes réunis avec nos animaux familiers, comme tous les jours et, pour la majorité d’entre nous, depuis très longtemps, autour de la Place Albert 1er de Belgique, venons d’apprendre de tristes nouvelles mais aussi des nouvelles potentiellement très inquiétantes.
Dans notre communiqué du 10 mai 1924 (rubrique « Le Saviez-vous? ») nous vous disions que depuis 11 ans, à la suite de la réfection de la place, nous pouvons désormais savourer une quiétude que les oiseaux, les riverains de la place et les habitants du quartier de la Gare apprécient, quiétude que nous accompagnons du bruissement et de la fraîcheur de nos branches majestueuses .
Las ! Cette quiétude vient de se transformer ces derniers temps en angoisse.
Le journal L’Indépendant dont nous parcourons les feuilles tous les jours nous apprend en effet aujourd’hui 16 novembre 2024 que 11 de nos vieux amis plantés sous Napoléon III à la sortie de Pézilla-la-Rivière viennent d’être abattus.
Tout d’un coup, nous nous sommes souvenus :
- d’un autre article paru le 5 septembre dernier dans le même journal annonçant que 16 platanes étaient menacés d’abattage dans le quartier Mailloles, avenue Victor Dalbiez entre le passage à niveaux et le magasin Leclerc Sud,
- et d’un article de la Dépêche, quotidien toulousain, faisant état de l’abattage de 9 platanes fin octobre à Toulouse.
Mais que se passe-t-il ?
La lecture de ces articles de presse nous apprennent qu’il ne s’agit pas :
- comme ce fut le cas à Pézilla il y a quelques années, de laisser la place à de nouveaux lotissements,
- ou de satisfaire les lotis se plaignant (égoïstement) de la gêne procurée par la chute des feuilles dans leur piscine à l’automne,
- ou encore de punitions infligées à nos amis à la suite d’accidents d’automobiles mortels dont, on ne sait pour quelle obscure raison, ils seraient responsables.
Non !
La réalité est malheureusement plus terrifiante.
Ces platanes étaient malades.
Est en cause un minuscule champignon appelé chancre coloré capable de décimer un platane en moins de 5 ans. ! Le site du ministère de l’agriculture (https://agriculture.gouv.fr/le-chancre-colore-du-platane-0) nous apprend que le cérastocystis platanis pénètre dans l’arbre par des blessures au niveau du tronc ou des racines et colonise très rapidement les tissus. Il peut se transmettre également d’arbre en arbre par contact racinaire (anastomoses) et se maintenir dans le sol et les racines des arbres contaminés plusieurs années tout en restant contaminant. Le déplacement du champignon par ses organes de dissémination, par des débris de bois contaminés ou par le biais de l’eau ou d’outils et d’engins de travaux (véhicules, dispositifs d’accrochage ou de fixation dans les arbres, outils et engins utilisés pour les travaux d’élagage, fauchage, débroussaillage, terrassement, etc.) constitue un risque majeur de dissémination de la maladie. Le chancre tue les platanes en quelques années seulement.
Depuis sa découverte en 2006, nous apprend Voies Navigables de France, près de 32 000 arbres ont dû être abattus, soit près des trois quarts des 42 000 platanes qui constituaient la voûte arborée du Canal du Midi.
La présence de ce champignon microscopique est clairement désignée comme responsable de l’abattage récent des arbres à Toulouse et Pézilla-la-Rivière.
Et cette maladie vasculaire incurable vient d’arriver au quartier Mailloles à Perpignan, entre le chemin de fer et Leclerc où 16 platanes sont directement menacés.
Une équipe municipale devait se rendre à Lyon le 24 septembre pour participer à une journée de sensibilisation sur le chancre coloré dans l’espoir d’en apprendre davantage sur un fléau déjà bien implanté dans tout le sud de la France.
Et pour cause ! La survie de 2 600 platanes à Perpignan est en jeu.
En attendant, nous apprend l’Indépendant du 5 septembre, des mesures sont préconisées par la commune pour minimiser les risques de contamination : interdiction formelle de planter des clous dans les arbres pour y installer des décorations au moment des fêtes. Tous travaux réalisés à proximité de platanes devront être signalés. Le chancre coloré étant hautement transmissible par le sable et la terre, un suivi de la situation devra être effectué.
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